On en entend de plus en plus parler, et pour cause : les per- et polyfluoroalkylées (autrement appelés PFAS) regroupent une large famille de composés chimiques que l’on retrouve dans bon nombre de produits quotidiens. Et si on les appelle aussi parfois les “polluants éternels”, il semblerait qu’il y ait des raisons à cela.
SOMMAIRE
Les PFAS, qu’est-ce que c’est ?
Concrètement, les PFAS sont des substances chimiques inventées par l’homme qui possèdent des propriétés spécifiques, utilisées dans la vie courante. De la mousse anti-incendie aux casseroles antiadhésives, elles sont largement utilisées depuis les années 1950, et ont la particularité d’être très persistantes. C’est précisément la raison pour laquelle on les appelle “polluants éternels”. Dans cette perspective, au regard de leur cycle de vie particulièrement long, leur surveillance est de plus en plus accrue à l’échelle française comme à l’échelle européenne.
En effet, si on leur prête bon nombre de propriétés intéressantes au quotidien (imperméabilisant, thermorésistant, etc.), la solidité des liaisons entre les atomes de carbone et de fluor qu’ils contiennent a impliqué une limitation de leur utilisation. Car malgré les intérêts potentiels, on en note de larges résidus dans l’environnement.
Quand s’expose-t-on aux PFAS ?
De façon progressive, la population s’expose aux conséquences des polluants éternels, pour la simple et bonne raison que ces derniers se retrouvent partout, tout le temps.
En effet, de la consommation d’aliments en passant par les poussières extérieures, le traitement de vêtements ou les produits électroniques, les PFAS sont présents de façon globale dans nos quotidiens. C’est aussi la raison pour laquelle il semble primordial d’en limiter la présence, déjà très étendue, d’un point de vue collectif.
Car oui, les PFAS, au-delà d’être très persistants (au point d’être indestructibles), s’accumulent dans certains organismes vivants, tandis que d’autres sont transportés par les éléments, parfois sur un très long itinéraire.
Et hors de nos frontières, le surnom de ces substances résonne à nouveau : les “forever chemicals” (substances chimiques éternelles)
Les risques des PFAS
Des poêles en Teflon au papier cuisson, en passant par les cosmétiques ou l’habillement, les polluants éternels sont donc omniprésents. En 2019, l’Agence Santé publique France publie une étude, selon laquelle la totalité des Français seraient touchés par les PFAS. Un constat qui met en lumière les conséquences de ce que d’aucuns considèrent comme un scandale sanitaire de premier ordre. Parmi eux le député écologiste Nicolas Thierry, à l’origine en France d’une proposition de loi visant à protéger la population des risques liés aux per- et polyfluoroalkylées.
Et il faut dire que les conséquences sont plus que jamais impactantes : cancer, perturbation du système endocrinien, cholestérol, baisse de la fertilité, etc. En décembre 2023, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) a attribué au PFOA le statut de “cancérogène pour l’Homme” (Groupe 1), tandis que le PFOS a été désigné comme “possiblement cancérogène pour l’Homme” (Groupe 2B).
De plus, les substances per-et polyfluorpalkylées (PFAS) contaminent tous les milieux (air, sol, eau, etc.) et toute la chaîne alimentaire. C’est aussi la raison pour laquelle en avril dernier, les députés français ont adopté la proposition de loi à ce sujet, adoptée à l’unanimité à 186 voix pour 27 abstentions (et aucune contre). Mais précisément, de quelle manière sont réglementés les PFAS ?
La réglementation des PFAS
Du point de vue international, la convention de Stockholm (2001) a pour enjeu d’encadrer l’utilisation de certains polluants persistants, notamment certains de la famille des PFAS. À titre d’exemple, le PFOA est interdit à l’import-export, à certaines exceptions, de la même manière que l’utilisation du PFOS est restreinte à quelques utilisations précises.
Au niveau européen, le projet d’élargir la convention de Stockholm à d’autres substances est en réflexion. Et si des essais sont mis en place à ce jour pour tenter de débarrasser la population des polluants éternels, il n’existe à ce jour aucune solution pour faire baisser les taux de PFAS qui se sont introduits dans le corps humain.
Dans les eaux de consommation, la directive européenne 2020/2184 du 16 décembre 2020 relative à la qualité des eaux destinées à la consommation humaine (EDCH) permet un certain suivi des polluants éternels. À titre européen, une limite de qualité de 0,10 µg/L a été fixée pour la somme de 20 PFAS dans les eaux de consommation humaine.
En France, la recherche de PFAS sera automatiquement intégrée au contrôle sanitaire des eaux de consommation par les Agences régionales de santé, et ce, à partir du 1er janvier 2026.
Dans les aliments, quatre PFAS ont connus une réglementation en janvier 2023. En parallèle, des recommandations ont été émises par la Commission européenne, afin que chaque État membre soit responsable face à la production et à la consommation des PFAS jusqu’en 2025.
Les PFAS en France
En France, qu’il s’agisse des eaux de consommation ou des aliments, l’action ministérielle a mis en place un plan en 2023, afin de prévenir et renforcer la lutte contre les risques liés aux PFAS. De nombreux ministères sont touchés par ce plan publié en avril dernier, à l’instar du ministère de la santé, du ministère de l’écologie, du ministère de la consommation, etc. L’objectif est de “développer des méthodes de mesure des émissions, des contaminations de l’environnement et de l’imprégnation des humains et des autres organismes vivants”, mais aussi de “renforcer les dispositifs de surveillance des émissions”, de mieux informer les Français au sujet des risques, ou encore d’essayer de réduire les risques liés au polluants éternels, “en associant les acteurs économiques et soutenir la recherche”.
PFAS : Quelles alternatives ?
Si on retrouve les PFAS de partout, il semble assez évident de dire qu’il est difficile de les éliminer à 100%. Toutefois, il existe des travaux qui nous aiguillent quant aux façons de consommer qui peuvent en limiter l’utilisation.
Le sujet évoluant de semaine en semaine, il semblerait ainsi que le monde ait pris conscience des enjeux liés à l’utilisation massive des PFAS, ce qui semble un premier pas vers une certaine idée du progrès. Le seul problème ?
La plupart du temps, les matériaux dépossédés de PFAS n’ont pas les mêmes caractéristiques, ou juste d’autre propriétés. En parallèle, si certaines alternatives existent bel et bien, elles ne sont pas facilement trouvables sur le marché. Un travail qui devrait évoluer au fil des années.
En attendant, des marques telles que Beka, ou encore DeBuyer (qui, par ailleurs, propose des produits fabriqués en France) propose des ustensiles de cuisine en acier inoxydable ou bleui, dont les propriétés sont particulièrement intéressantes en cuisine. Le tout : sans PFAS, car l’acier inoxydable en est dépourvu.
Un petit pas pour l’homme, un grand pas contre les PFAS !
En somme, la France semble progressivement prendre conscience de l’ampleur des risques associés aux polluants éternels, tels que les PFAS, sur la santé et l’environnement. Leur remplacement par des alternatives moins nocives est devenu une priorité, notamment dans le domaine de la cuisine. Des mesures législatives récentes ont été prises pour restreindre leur utilisation, mais les réglementations restent en évolution. Il est crucial de rester informé et d’opter pour des alternatives saines.
Thomas Louis est l’auteur du podcast la Quille. Le podcast où, chaque semaine, on parle de culture avec ceux et celles qui la font !
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